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La politique à l’égard de la Syrie, une réussite ?

parDavid RIGOULET-ROZE, enseignant et chercheur rattaché à l’Institut français d’analyse stratégique, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques, rédacteur en chef de la revue Orients stratégiques

Articles de la revue France Forum

De l’influence à l’ingérence et du soft power au hard power.

« Aujourd’hui, lorsque nous parlons de la Syrie, de l’Irak, de la Crimée, de la Thrace occidentale
et de la Bosnie, des gens nous regardent comme si nous étions des extraterrestres. […]
Mais pour nous, il ne s’agit pas d’autres mondes mais de morceaux de notre âme. »

Recep Tayyip Erdogan, 23 octobre 2016

« Pourquoi la Turquie ne pourrait-elle pas […]
redevenir le leader dans les anciens territoires ottomans ? »

Ahmet Davutoglu, ancien Premier ministre, 2015


Les relations turco-syriennes sont historiquement complexes et s’inscrivent dans le passif entre la Turquie et le monde arabe post-ottoman. La représentation turque de la « traîtrise » de la « révolte arabe » de juin 1916 soutenue par les alliés occidentaux britannique et français durant la Première Guerre mondiale demeure très présente dans l’imaginaire collectif turc. A contrario, la représentation arabe de la persécution impériale ottomane l’est tout autant.

Certains contentieux plus spécifiques existent entre la Turquie post-ottomane et la République arabe syrienne, à commencer par la question kurde et le soutien de la Syrie au Parti des travailleurs du Kurdistan (Partiya Karkerên Kurdistan, PKK).

Jusqu’en 1998, la Syrie fait preuve d’une certaine complaisance face aux activistes kurdes, notamment du PKK dont le fondateur et leader, Abdullah Öcalan, connu sous le surnom de Apo (signifiant « oncle » en kurde), coordonne la lutte armée depuis Damas. En octobre 1998, des négociations donnent lieu à l’accord dit d’Astana par lequel la Syrie retire officiellement son soutien au PKK en en expulsant le chef.

La Turquie s’affirme alors comme puissance militaire régionale et les relations turco-syriennes sortent du climat de conflit larvé permanent qui les caractérise jusque-là. L’arrivée au pouvoir du gouvernement islamiste du Parti de la justice et du développement (Adalet ve Kalkınma Partisi, AKP) de Recep Tayyip Erdogan constitue un élément important de l’amélioration des...

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