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Migrations : comment l’Union européenne a donné du pouvoir à la Turquie ?

parAymeric FAURE, fellow de l’institut Open Diplomacy

Articles de la revue France Forum

Un partenariat par obligation plus que par choix.

Le 18 mars 2016, l’Union européenne (UE) a signé avec la Turquie un accord visant à limiter les flux de migrants irréguliers entrant par la frontière turque estimés alors à 2 millions d’individus. La principale mesure était d’imposer le retour en Turquie à tous les migrants arrivés en Europe par la Turquie et n’ayant pas effectué de procédure de demande d’asile. L’Union européenne avait alors facilement convaincu la Turquie d’accepter de gérer des flux migratoires colossaux en échange d’une promesse de réactiver les négociations d’adhésion et surtout d’un engagement à verser 6 milliards d’euros d’aide financière à travers divers programmes.


​LES DÉSÉQUILIBRES DU RÈGLEMENT DE DUBLIN III. Dans un rapport présentant l’avancée de la mise en place de l’agenda européen sur les questions migratoires publié en octobre 2019, les institutions européennes se félicitent d’être parvenues à limiter les flux de migrants illégaux. Elles présentent l’accord avec la Turquie comme un partenariat innovant conclu avec des pays tiers. Or, la Turquie, premier pays d’accueil de réfugiés du monde, menace depuis la fin de l’été 2019 de rompre l’accord du 16 mars 2016 et de laisser passer de nombreux migrants en Europe ; ceci pour deux principales raisons. Le président turc Receip Tayyip Erdogan a indiqué que l’Union européenne n’avait pas versé les fonds promis – l’Union européenne n’a pour le moment payé que 2,4 milliards d’euros sur les 6 prévus. La Turquie demande également leur soutien à l’Union européenne et aux États-Unis pour mettre en place une zone d’accueil pour les réfugiés au nord de la Syrie.

Les effets positifs de cet accord en sont les principales faiblesses. En accordant un rôle pivot à un acteur tiers, l’Union européenne a donné du...

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