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Ouvrir la porte aux réfugiés : une réalité politique à double-face

parJuliette TOLAY, professeur assistant à l’université Penn State Harrisburg (États-Unis)

Articles de la revue France Forum

Entre bienveillance et calcul politique.

Les premiers réfugiés syriens arrivent en Turquie en avril 2011. En octobre 2012, ils sont 100 000. Un million en octobre 2014, ils atteignent 2 millions en septembre 2015 et 3 millions en juin 2017. Depuis février 2018, ils dépassent les 3,5 millions. Ces chiffres remarquables n’ont pourtant pas déclenché de crise humanitaire ou politique majeure dans le pays. Ainsi, la Turquie se distingue en faisant preuve à la fois de capacités de réception importantes (qui manquent aux autres pays voisins de la syrie) et d’une volonté politique d’accueil (qui manque à la plupart des pays occidentaux).

Les premières années, cette politique d’accueil s’appuie sur trois piliers : politique de porte ouverte, construction de camps et protection temporaire. Initialement, la politique de porte ouverte permet à tout syrien, entrant par les postes frontières ou non et en possession de documents officiels ou non, de pouvoir passer en Turquie. sont alors mis en place un certain nombre de camps où beaucoup peuvent choisir de séjourner. Ainsi, jusqu’à 250 000 individus ont été accueillis dans près de vingt-cinq camps bien équipés. Administrativement, ils reçoivent le statut d’individu sous « protection temporaire » entériné par une loi en 2014. Ce statut est conféré à tous les syriens enregistrés en Turquie, leur reconnaît le droit de ne pas être reconduits à la frontière (principe de non-refoulement), leur donne accès au système éducatif et de santé, à un certain nombre d’aides publiques et, à partir de janvier 2016, au marché de l’emploi.

Toutefois, dès le début, ce système n’est pas parfait. La politique de porte ouverte est remise en cause par des...

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