Ancienne ministre centriste chargée des Affaires européennes, Marielle de Sarnez, députée de Paris, est morte le 13 janvier d’une leucémie foudroyante, à l’âge de 69 ans.
Valéry Giscard d’Estaing fut notre ami et notre boussole. Aujourd'hui, nous pleurons tous sa disparition.
Le premier, il comprit que la Constitution de 1958, et notamment son article 7 qui ne conserve que deux candidats au second tour de l’élection présidentielle, ne pouvait tolérer la division des forces centristes. Mais il eut aussi l’intuition très juste qu’un objectif électoral, aussi élevé soit-il, ne serait pas un moteur assez puissant pour rassembler les centristes. Que ce rassemblement devait se faire autour d’idées, de valeurs, de convictions : le libéralisme, la solidarité et l’Europe, bien sûr. Son élection à la présidence de la République, le 19 mai 1974, concrétisa de la manière la plus parfaite la réussite de cette stratégie.
Ces valeurs sociales, libérales et européennes sont demeurées solidement ancrées chez tous les centristes, même si l’UDF n’a pas survécu au retrait politique de son fondateur. Seul Giscard avait l’intelligence et la maestria pour retenir dans une même dynamique l’ensemble des courants et ambitions centristes. On s’en aperçut encore le 4 octobre 2016 quand l’institut Jean Lecanuet prit l’initiative de réunir autour de lui l’ensemble des anciens chefs et responsables centristes. Aucun d’eux ne manquait à l’appel alors que beaucoup ne s’étaient pas parlé depuis longtemps. Ils étaient venus pour lui. Pour lui témoigner leur respect, leur admiration et peut-être aussi, avouons-le, pour se faire pardonner de ne pas avoir su garder en vie l’UDF.
Nous étions ensemble, ce soir-là, pour parler de l’Europe. Elle n’allait pas bien et nous avions besoin de notre ancien chef pour continuer à y croire, pour qu’il dise ce qu’il voyait et que nous ne voyions pas. Le silence se fit soudain quand Giscard s’approcha du micro. Le pas était devenu un peu plus lent, mais l’intelligence était intacte. Nous savions que nous vivions un moment historique et qu’à l’évidence il ne se reproduirait plus.
Il ne nous l’a pas dit, mais cela s’imposait comme une évidence : il comptait sur nous pour continuer à porter le projet européen. Nos familles politiques ont fait l’Europe parce que Giscard l’a faite. Le couple franco-allemand, c’est lui. L’euro également. Il aimait la France, il aimait l’Europe. C’est ce magnifique héritage qu’il nous lègue et que nous lui promettons de continuer à faire vivre.
Merci, Monsieur le Président.
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