L'Afrique subsaharienne connaît, depuis le début des années 1990, un certain nombre de crises marquées par des affrontements à connotation confessionnelle. Cela a été le cas de la Côte d’Ivoire récemment, c’est celui de la Centrafrique aujourd’hui encore, deux conflits qui semblent accréditer l’idée d’une irréductible guerre de religion entre l’islam et le christianisme dans cette région du monde. L’image d’une Afrique livrée aux irrédentismes confessionnels est accentuée par la récurrence de la menace djihadiste au Sahara et les massacres de Boko Haram dans la région du lac Tchad. Sans minimiser en rien la charge meurtrière du religieux quand il est instrumentalisé à des fins politiques, le rapport des sociétés africaines aux religions ne saurait être appréhendé uniquement en termes de violence et de confrontation interreligieuses.

UNE GRANDE DIVERSITÉ RELIGIEUSE. Ceci est d’autant plus important que l’Afrique subsaharienne se caractérise par un pluralisme religieux assez peu commun. L’islam et le christianisme, qui y sont implantés depuis des siècles, y voisinent avec des religions traditionnelles encore vivaces, alors que les nouveaux mouvements religieux, comme le pentecôtisme, s’y développent rapidement depuis plusieurs décennies. Même s’il est difficile de se fier totalement aux chiffres disponibles, on considère généralement que la population africaine dans son ensemble – un peu plus d’un milliard d’individus – se partage de manière égale entre chrétiens et musulmans, soit 400 à 500 millions de fidèles de chaque côté. Sur le plan géographique, les deux grandes religions monothéistes se répartissent différemment sur le continent. L’islam est massivement présent...