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Le sport africain en marche

parPascal CHARITAS, maître de conférences à l'université Paris Ouest Nanterre La Défense

Articles de la revue France Forum

Tous les enfants de Jesse Owens !

C'est un truisme, le sport en Afrique est le fruit de la colonisation et de l’impérialisme occidental, mais il est aussi l’objet d’un « désir mimétique » de la part des pays africains : c’est l’histoire d’un dialogue entre la lenteur et la vitesse. En premier lieu, le sport est exclusivement réservé aux colons selon la logique de la hiérarchie raciale même si de rares exceptions existent, renforcées dans l’imaginaire par le mythe de l’athlète noir tel Jesse Owens aux Jeux olympiques (JO) de Berlin, en 1936. Cependant, le processus d’acculturation des indigènes aux sports modernes diffère selon les modèles : d’un côté, la colonisation britannique (indirect rule) offre la possibilité du sport et du scoutisme, malgré tout contrôlés et surtout communautaires. De l’autre, la colonisation française (direct rule), avec la présence d’un fort colonat (Algérie et les protectorats) et de colonies d’exploitation administrées, instaure la doctrine de la mission civilisatrice et de l’assimilation. Dans ce but, la métropole française développe d’abord l’éducation physique auprès des indigènes afin d’améliorer le potentiel économique de la « force noire » (dans l’armée et à l’école). La colonisation lusophone emprunte, elle, aux deux modèles précédents.

Ainsi, à partir du début du XXe siècle, il est possible de repérer des tendances lourdes : les associations sportives sont d’abord interdites pour les indigènes par peur du potentiel subversif politique (paravent à l’anticolonialisme et aux volontés indépendantistes), mais également par refus des colons d’une confrontation physique synonyme de l’acceptation d’une égalité des races. En parallèle, selon les colonies (Algérie, protectorats français, colonies anglaises non soumises à l’apartheid), se développe un sport monocommunautaire...

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