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La Turquie et le droit international

parJulien CAZALA, professeur à l’université Paris 13-Sorbonne Paris Nord, directeur de l’Institut de droit public, sciences politiques et sociales

Articles de la revue France Forum

Présence politique et absence juridique : pour combien de temps encore ?

Comme tout État, la Turquie ne se déclare liée que par les règles internationales qu’elle a acceptées. Au-delà d’un attachement bien classique à l’école volontariste, il est marquant de constater que cet État semble accorder une confiance limitée aux moyens qu’offre le droit international pour défendre ses intérêts. Cela se traduit, à des degrés divers, par une place marginale du droit international dans le discours turc de politique étrangère, une pénétration limitée des normes internationales dans l’ordre interne et une méfiance constante à l’égard des juridictions internationales.


LE DISCOURS SUR LE DROIT INTERNATIONAL. La Turquie entend jouer un rôle de premier plan dans la construction d’un nouvel ordre international. il ne s’agit pas de remettre en cause le cadre de la société internationale, mais de promouvoir la voix de la Turquie dans celle-ci. Symboliquement, la politique – aujourd’hui dépassée – du « zéro problème avec les voisins » ne consiste pas en un changement radical du contenu des prétentions au sujet des différends avec les voisins, mais en « une mise en sourdine de leur évocation publique dans l’attente d’un changement du comportement du voisin par sa prise de conscience du nouveau statut de la Turquie comme pays central régional et de l’intérêt à long terme de composer avec elle1 ». Le droit international serait, ici, le grand absent.

À titre d’exemple, la Turquie entend mettre à...

 


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1. Ahmet Insel, « Devenir une puissance économique mondiale : le néonationalisme de l’AKP », in Jean Marcou et Füsun Türkmen (sous la direction), Vingt ans de changement en Turquie (1992-2012), L’Harmattan, 2013, p. 84.

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