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État de droit et démocratie

parMatthieu FAU-NOUGARET, maître de conférences HDR en droit public à l'université de Bordeaux, membre du laboratoires « Les Afriques dans le monde »

Articles de la revue France Forum

Des pouvoirs pour arrêter le pouvoir, non pour le renforcer.

Aborder le thème de la démocratie et de l’État de droit sur le continent africain peut paraître peine perdue tant l’affaire semble entendue : c’est un échec. Ce positionnement, non dénué de fondement, repose sur de nombreux préjugés issus d’une certaine condescendance à l’égard du continent, spécialement dans sa partie subsaharienne, ainsi qu’une absence de réflexion sur le sens des mots.

Des préjugés, tout d’abord, car on a coutume de parler de l’Afrique au singulier ce qui nous semble une erreur. Pour de multiples raisons historiques, tant endogènes qu’exogènes, il existe, non pas une, mais des Afriques faites de cheminements nationaux divers. Un autre préjugé consiste à affirmer que la démocratie n’est pas conçue pour le continent africain. Les tenants de ce positionnement se basent sur les soubresauts démocratiques réels de certains pays du continent tout en oubliant que la marche vers la démocratie n’a jamais été linéaire, même dans les « vieilles démocraties ».

Pourtant, d’un point de vue institutionnel, les États africains semblent prima facie bien équipés pour installer des « démocraties véritables » et respecter l’État de droit, surtout depuis la vague de démocratisation des années 1990. Ils disposent de l’architecture institutionnelle « standard » dont la mise en place a été financée par les bailleurs de fonds : séparation des pouvoirs, existence d’une juridiction constitutionnelle, autorités administratives indépendantes, décentralisation, etc.

Dans certains États africains, souvent ignorés, la démocratie existe. Qu’il s’agisse...

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