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Egypte-Turquie : des tensions lointaines et discrètes

parVictor SALAMA, consultant et chercheur MENA, fellow de l’institut Open Diplimacy

Articles de la revue France Forum

Peut-on peser dans le monde arabe sans parler l’arabe ?

L’Égytpe et la Turquie font partie d’un même espace politique, le Moyen-Orient. Durant des siècles, ils ont fait partie de l’ensemble ottoman, avec un même système institutionnel gouvernant ces sociétés. On pourrait donc croire qu’il existe entre eux une forte entente culturelle, politique et religieuse. Pourtant, la réalité des relations entre ces deux pays depuis des décennies est celle d’une rivalité de longue date, sourde, discrète, mais tenace. Elle émerge à la surface, devient visible et « officielle » depuis 2011 et les printemps arabes.

La Turquie est l’ancienne puissance impériale. Or, la chute de l’Empire ottoman a fait émerger un autre espace politique : le monde arabe, héritier de l’arabisme de l’Empire ottoman dont la Turquie est d’emblée exclue car non arabophone et héritière dudit empire.

Aux yeux du pouvoir égyptien, la Turquie devient un acteur visible, et donc un rival potentiel, à partir du début des années 2000. La Turquie, membre de l’Otan et puissance alliée d’Israël, est jusque-là perçue par le pouvoir égyptien comme un agent ou une tête de pont de l’Occident dans la région. L’oeil de Washington en somme. À partir des années 2000, la politique étrangère turque, avec à sa tête le Parti de la justice et du développement (AKP), prend un tournant moyen-oriental et « arabe », notamment par le biais du dossier palestinien.

 

DE FORTES TENSIONS ENTRE LES DEUX PAYS. À partir de 2004, l’envoi de flottilles pour venir en aide à la population de Gaza, encerclée par le blocus israélien, irrite les pays arabes et tout particulièrement l’Égypte. Le pouvoir égyptien a toujours considéré le dossier...

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