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Les travailleurs pauvres

parFrédéric LESEMANN, sociologue, professeur honoraire de l'Institut national de la recherche scientifique (Montréal)

Articles de la revue France Forum

Le travailleur pauvre ébranle l'idéal de la « société salariale ».

La question de la pauvreté en emploi ne cesse de gagner en pertinence au Canada comme dans la plupart des pays industrialisés. L’emploi se transforme : de relativement stable qu’il était pour une majorité de travailleurs et d’employés, il devient de plus en plus précaire, flexible, temporaire, en sorte qu’il ne permet souvent plus de garantir un niveau de revenu suffisant pour ne pas être pauvre. Alors qu’il ne concernait que 10 % de la main-d’oeuvre en 1976, il est le lot de près de 40 % des travailleurs aujourd’hui, touchant particulièrement les jeunes (65 % des moins de 25 ans) et les seniors (48 % des plus de 55 ans). 56 % de ces emplois ont une durée de moins de douze mois.


DES STRATÉGIES DIVERSIFIÉES. Cette évolution récente tient autant à l’évolution des stratégies d’entreprise, activement inscrites dans une dynamique de mondialisation des marchés, et donc dans des stratégies diversifiées pour maintenir leur compétitivité (sous-traitance, délocalisation, réduction des rémunérations…) qu’à l’évolution même des conditions de travail (flexibilisation de la main-d’oeuvre, contrats à durée déterminée, voire absence de contrat…), ou encore à un droit du travail et de ses réglementations qui ne cessent de s’affaiblir. Ces mutations concernent aussi la détérioration des... 

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