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Conséquences de la guerre civile libyenne

parRania BARRAK , experte en géopolitique, chargée d'enseignement à Tunis 

Articles de la revue France Forum

La Tunisie, pays refuge et nouvelle terre d’immigration.

Les effets désastreux des guerres civiles ne se limitent pas aux frontières des pays concernés, mais impactent l’ensemble de leur région et particulièrement les pays voisins. Ceux-ci en subissent des conséquences à la fois à court et à long terme.

Après les événements libyens de 2011, la Tunisie s’est retrouvée au cœur d’une crise migratoire, faisant d’elle un pays, non plus d’émigration, mais d’immigration. La guerre civile libyenne a touché nombre de pays arabes et a entraîné le déplacement massif vers des pays frontaliers de personnes craignant pour leur sécurité. La Tunisie a ainsi vu déferler d’abord des Libyens, puis des Africains sub-sahariens et, enfin, des Syriens. Aujourd’hui, la Tunisie compte 3 500 Libyens, 13 000 Africains dont 98 % sont en situation illégale et un peu plus de 1 000 Syriens dont seulement 220 ont vu leur situation se régulariser. Plus de 2 000 demandes d’asile ont été faites et proviennent, outre des Libyens et des Syriens, d’immigrés de Palestine, du Yémen, d’Irak, de Somalie, d’Érythrée, du Soudan, etc. Cet afflux de réfugiés n’est pas sans conséquence.

En 2015, le gouvernement tunisien a décidé la construction d’un mur de sable (barrage), de 170 km de long, à la frontière avec la Libye afin de lutter contre les infiltrations terroristes. En 2018, un système de surveillance électronique constitué de caméras et de drones, subventionné par les États-Unis, a été mis en place pour empêcher toute infiltration par voie terrestre. Ces mesures ont poussé les terroristes, essentiellement des membres d’al-Qaida, à contourner la Libye par le sud et à pénétrer à travers les frontières tuniso-algériennes au niveau de Kasserine et Tébessa. Plusieurs mouvements ont ainsi été détectés, malgré la coopération tuniso-algérienne en matière de renseignement. Afin d’y remédier, les Algériens ont installé une surveillance électronique sur certaines parties des frontières, notamment sur celle au niveau de Kasserine.
 

LA TUNISIE AU CŒUR D’UNE CRISE MIGRATOIRE. Par ailleurs, en l’absence de forces compétentes dans la gestion des postes frontaliers libyens (ces derniers étant aux mains des différentes milices), la gestion des frontières communes, aussi bien terrestres que maritimes, est défaillante. Les tentatives de pénétration d’individus s’expliquent par...

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