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Comment envisager l’avenir des chrétiens du Liban ?

parAntoine FLEYFEL, directeur de l’Institut chrétiens d’Orient

Articles de la revue France Forum

Un Etat en faillite, une communauté en interrogation.

Qui ne se pose la question de l’avenir des chrétiens du Liban, qui faisaient jadis de leur pays une exception dans la région ? Seul Etat arabe ayant à sa tête un chrétien, doté d’un régime confessionnel où chrétiens et musulmans gouvernent à parité, le Liban a été historiquement un phare d’enseignement et d’éducation, de modernité et d’ouverture, de culture et de progrès social. Cependant, sa malédiction a été d’être constamment un Etat tampon, tiraillé entre les intérêts régionaux et internationaux, comme lors de conflits engageant Occidentaux et Ottomans, Israéliens et Arabes, Américains et Soviétiques, ou embrasant toute la région, comme en Syrie et en Iran. Aujourd’hui, le pays est exsangue, effondré et ruiné. Dans ce cadre très général, comment envisager l’avenir de ses chrétiens ?


CONTEXTE HISTORIQUE GLOBAL ET SITUATION ACTUELLE. Penser cet avenir passe nécessairement par l’évocation de l’histoire. Deux paradigmes – le Liban les a vécus d’une manière unique – ont déterminé la présence des chrétiens en Orient depuis le XIXe siècle : la « protection » jusqu’à la Première Guerre mondiale et l’« intégration » à partir de la création du Proche-Orient post-ottoman.

La tradition de la « protection » des chrétiens d’Orient, initiée par la Russie en 1774, s’est accentuée au XIXe siècle et s’est diversifiée, notamment à partir de 1840, impliquant...

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