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Que reste-t-il du mouvement de Fethullah Gülen ?

parBayram BALCI, chercheur au Centre de recherches internationales de Sciences-Po, directeur de l’Institut français d’études anatoliennes (Istanbul)

Articles de la revue France Forum

S’opposer à Erdogan ne suffit pas pour obtenir un brevet de grand démocrate.

Né dans les années 1970, mais méconnu durant longtemps en dehors de la Turquie, le mouvement de Fethullah Gülen devient mondialement connu grâce à sa participation au coup d’État manqué du 15 juillet 2016. Allié du pouvoir politique de Recep Tayyip Erdogan, ce mouvement est devenu à travers le temps son concurrent et, pire, son ennemi, au point d’être chassé de Turquie.

 

UN ALLIÉ D’UN POUVOIR POLITIQUE CONSERVATEUR… À l’origine association des disciples de Gülen, la mouvance est devenue un groupe religieux actif dans des sphères autres que religieuses : milieu éducatif, médias, entreprises. Puis, progressivement, réseau d’influence infiltré à l’identité cachée dans diverses structures de l’État : police, justice, armée, renseignement. À côté, le mouvement cultive une autre identité, plus ombrageuse, agissant dans l’opacité et pour des objectifs peu clairs, mais tournant autour du pouvoir et de la domination.

Longtemps, la mouvance de Gülen s’est proclamée apolitique et il est vrai que, jusqu’en 2003, la hiérarchie du mouvement ne soutient officiellement aucun parti politique ; dans les divers médias qu’elle contrôle, elle ne fait l’apologie d’aucun gouvernement, mais s’efforce de dialoguer avec toute la classe politique en tant que structure de la « société civile ». Toutefois, et sans doute du fait que le mouvement est devenu trop grand pour rester indifférent au politique, à partir de 2003, quand le Parti de la justice et du développement (AKP) arrive au pouvoir, le courant güleniste apporte son soutien à cette formation politique islamo-conservatrice qui lui ressemble à certains égards. Aussi, une sorte...

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