By Raunak Singh (Own work) [CC BY-SA 3.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], via Wikimedia Commons

La moralisation de la politique contemporaine

parGurharpal SINGH , professeur à la School of Oriental and African Studies de l'université de Londres (Royaume-Uni)

Articles de la revue France Forum

Les nouveaux philosophes rois sont hindous.

À partir de 1947, la politique en Inde a été dominée par trois idiomes : traditionnel, moderne et spirituel1. Alors que l’idiome traditionnel représente le point de vue conservateur et que l’idiome moderne incarne le leadership laïque du Congrès national indien sous Jawaharlal Nehru, l’idiome spirituel a longtemps été associé à Gandhi, père de la nation indienne qui a dirigé le mouvement non violent pour l’indépendance. Ce dernier idiome assimile la politique à un duel moral, une lutte constante entre le bien et le mal. Depuis le début des années 1980, les idiomes moderne et spirituel ont été éclipsés par la montée du mouvement nationaliste hindou incarné par le Bharatiya Janata Party (BJP) et le Premier ministre Narendra Modi2. Arrivé au pouvoir en 2014, le BJP s’est rapidement attelé à la redéfinition de l’espace public indien selon sa propre conception. Le cœur de sa mission a consisté à inventer une nouvelle morale publique pour l’Inde. 


UNE LUTTE CONSTANTE ENTRE LE BIEN ET LE MAL. Cette morale ne s’appuie pas sur la recherche gandhienne de la vérité (satyagraha), mais est profondément enracinée dans la réinvention ethno-nationaliste de la tradition hindoue depuis la fin du XIXe siècle...

 


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1. W.H. Morris-Jones, The Government and Politics of India, Eothen Press, Huntingdon, 1987.
2. Christophe Jaffrelot, The Hindu Nationalist Movement in India, Columbia University Press, New York, 1996. 

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