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Union européenne : au début était l’Italie

parSylvie GOULARD, ancien ministre, ancienne députée européenne

Articles de la revue France Forum

Droits et devoirs des pères fondateurs.

Les Italiens –  comme les Français  – s’enorgueillissent, en général, de compter parmi les pays fondateurs de la Communauté européenne. Au-delà de la nostalgie, que reste-t-il de ces débuts partagés ?

Dans la péninsule, la construction européenne a longtemps fait consensus, réunissant dans un même élan des personnalités allant des chrétiens démocrates comme Alcide de Gasperi aux communistes comme Altiero Spinelli. Créée après la Seconde Guerre mondiale, la République italienne s’est adossée à l’Europe unie. Longtemps, en Italie, l’engagement européen allait de soi et portait loin. Lorsque les Français déplorent l’atlantisme de leurs partenaires européens, les fondateurs – notamment en Italie – aiment à rappeler qu’en 1954 c’est la France qui a fait échouer la Communauté européenne de défense. Avec elle, a sombré le projet d’union politique dont le siège aurait été à Paris. Comme l’a joliment écrit Tommaso Padoa-Schioppa, la France a manqué l’occasion d’être « le Piémont de l’Europe ».

À certains moments de la construction européenne, l’engagement italien a été décisif. Peu de gens se rappellent, par exemple, le Conseil européen de Milan de juin 1985 au cours duquel la présidence italienne a eu recours au vote pour ouvrir la voie aux négociations de l’Acte unique, ignorant l’opposition de la Première Ministre britannique, Margaret Thatcher. Cette décision a aidé Jacques Delors à lancer son grand projet de marché unique.

En Italie, l’adhésion de nouveaux membres, du nord, du centre ou de l’est, a été longtemps perçue comme une chance. Romano Prodi, président de la Commission de 1999 à 2004, définissait son collège...

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