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Pays de la mafia et de l’antimafia

parFabrice RIZZOLI, enseignant à Sciences-Po Paris et à l’École des hautes études internationales

Articles de la revue France Forum

Bien mal acquis ne profite jamais… en tout cas, moins souvent.

 En Italie, 24 000 mafieux et quelques centaines de milliers de complices font vivre quatre organisations1 : la sicilienne Cosa Nostra, affaiblie mais pas morte ; la calabraise ‘Ndrangheta, numériquement la plus importante en nombre d’adhérents et de chiffre d’affaires ; la napolitaine Camorra ; la Sacra Corona Unita, née dans les Pouilles. Face à elles, l’État de droit et ses citoyens utilisent de puissants outils juridiques qui pourraient servir d’exemples à l’union européenne.
 

LES MAFIAS ITALIENNES EN 2021. L’Eurispes, institut de recherche italien en sciences sociales, évalue le chiffre d’affaires annuel des mafias à 140 milliards d’euros, soit 7,2 % de la richesse produite en Italie. Le trafic de stupéfiants est de loin la principale source de production illégale de capital (40 % du total). Les écomafias, terme pour désigner les activités criminelles qui altèrent l’environnement – la plus connue étant le trafic de déchets –, rapportent quant à elles 18 milliards d’euros. L’agromafia, qui regroupe les activités liées à l’agroalimentaire, rapporte 16 milliards d’euros. Quant au trafic d’armes, il représente 5,8 milliards d’euros. L’extorsion et l’usure engendrent un chiffre d’affaires de 15 milliards d’euros. Environ 180 000 commerçants en sont victimes dans toute l’Italie, y compris dans le Nord. Grâce à l’usure, les mafias sont les banques des entreprises en difficulté qui n’arrivent pas à obtenir de crédit. Cela leur permet de prendre possession d’entreprises pour blanchir leurs capitaux ou d’obtenir des marchés de...

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