Dmitry Vereshchagin- Adobe Stock

Modèle suédois : une étoile pâlissante

parJeanne FAGNANI, directrice de recherche honoraire au CNRS, chercheure associée à l’IRES

Articles de la revue France Forum

Quelques rides et un peu de cheveux blancs, mais toujours la même allure !

La Suède fait encore figure de « modèle » au regard de son système de protection sociale et de ses performances économiques. Pourtant, dès les années 1990, à la suite d’une grave crise budgétaire, ses gouvernements successifs ont procédé à d’importantes réformes qui ont contribué à écorner l’image de ce « modèle1 ». Le pays, bénéficiant de la solidité retrouvée de ses finances publiques et de confortables excédents commerciaux, a entamé sa sortie de crise dès 2014.
 

DES OBJECTIFS CLAIRS, UN ENSEMBLE DE DISPOSITIFS COHÉRENTS. Dans le domaine de la protection sociale, les objectifs sont clairs : maintenir un haut niveau de cohésion sociale grâce à des services publics et des prestations basées sur le principe de l’universalité, permettre à tous les citoyens d’accéder à un emploi, promouvoir l’égalité, garantir le bien-être des enfants dès leur plus jeune âge, sans que la mise en œuvre de ces objectifs nuise à la compétitivité des entreprises.

Pour assurer le financement des politiques sociales, le niveau des prélèvements obligatoires y est élevé à l’instar de celui de la France (respectivement 44 % et 47,4 % du produit intérieur brut (PIB), en 2015).

Le système fiscalité-transferts sociaux est, cependant, moins complexe qu’en France. Les fonctions de redistribution « verticale » et « horizontale » dévolues à la fiscalité et aux prestations sociales – familiales en particulier – sont bien distinctes. À l’impôt sur le revenu des ménages est uniquement dévolu un rôle de redistribution verticale des plus riches vers les plus pauvres. En conformité avec le principe de l’égalité entre les sexes, l’imposition est individuelle. Le taux maximum est fixé à 57 %, le prélèvement se fait à la source et la présence d’enfants n’est pas prise en compte dans son calcul. La taxation des revenus du capital est forfaitaire (30 %) et l’impôt sur les bénéfices des sociétés est de 22 %.

En revanche, la politique familiale (prestations en espèces, services et équipements), basée sur le principe de l’universalité, est un peu plus généreuse qu’en France : toutes les...

_____
1. Voir de l’auteur « Existe-t-il encore un modèle nordique ? », Les Cahiers français, n° 399, 2017, pp. 63-68.

Europe
Crises
Démocratie
État providence
Article payant

Pour aller plus loin