Les nouveaux Etats industriels

France Forum, n° 73, juillet 2019 - Été

Revue France Forum

Il n’aura pas échappé aux lecteurs nés au siècle passé l’emprunt du titre de ce numéro de France Forum à l’ouvrage majeur de John Kenneth Galbraith, Le Nouvel État industriel, paru aux États-unis, en 1967.

Galbraith, ancien conseiller du président John Fitzgerald Kennedy, n’est pas un visionnaire, mais reste une référence pour comprendre le modèle de société industrielle de l’après Seconde Guerre mondiale.

À l’heure des Gafam et des alibaba en tous genres, du management agile et des organisations horizontales, cette période semble une éternité et le livre de Galbraith, plutôt daté. Pour autant, et par comparaison, il n’est pas interdit de le relire car il demeure un bon outil pour comprendre les mutations du paysage industriel en cours. Au reste, l’économiste américain n’est pas aveugle sur tout ce qui est en train de bouleverser notre économie et, au-delà, notre société.

Ainsi, il voit bien les effets du développement technologique, mais ne mesure pas l’importance inouïe qu’il prendra dans l’industrie. Il surestime aussi la question des structures et en particulier celle de la grande entreprise venant, selon lui, fausser les règles du marché, celles de l’offre et de la demande. Google ou amazon ne lui donnent pas tort, loin s’en faut, mais avec la révolution numérique et, par exemple, la multiplication des platesformes, on voit aussi que le marché reprend ses droits dans un grand nombre de secteurs d’activité, bouleversant toutes les situations acquises. Galbraith prédit aussi le développement du salariat alors que celui-ci, uberisation aidant, vit peutêtre son dernier siècle. À l’inverse, la planification, grand thème galbraithien, ne fait plus sourire compte tenu des performances économiques de la Chine.

Ce numéro consacré à l’industrie traite abondamment trois thèmes dont la littérature des années 1970 ne devinait pas l’importance à venir : la formation, l’écologie et les territoires. Sur la formation, la question clé est celle de préparer à des métiers qui n’existent pas encore et de développer les compétences afférentes. Il s’agit aussi de faire revenir vers l’industrie des jeunes dont les parents portent encore les stigmates des délocalisations et des plans sociaux. la transition écologique ? Oui, pour les grands groupes qui ont les capacités d’investir et de renouveler outil et ingénierie de production, mais quid des PME ? Où trouver l’argent pour financer ces investissements ? Où trouver le temps pour repenser stratégie et organisation ? Enfin, les territoires, redevenus à la mode, entretiennent avec l’industrie des rapports quasi filiaux, mais on le perçoit une fois que le mal est fait.

Ainsi, il n’est pas étonnant que, des années après, les braises ne soient toujours pas éteintes et le mythe de l’âge d’or industriel continue d’entretenir la nostalgie des populations.

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