NOTE DE LECTURE - PANORAMA

L'état de l'Union 2016, ouvrage collectif

parThomas MERLE, chargé de communication

Articles de la revue France Forum

-

Bien que rédigé quelques mois avant le Brexit, ce rapport de la fondation Robert Schuman reste d’une actualité brûlante. Il est teinté d’espoir autant que de déception : le rêve européen n’est pas mort, mais sa mise en oeuvre n’a pas de quoi réjouir ; des changements profonds s’imposent donc.

Le terme d’Union européenne résonne- t-il encore comme l’écho d’une promesse ? Beaucoup en doutent. Nombreux sont ceux qui, dans le langage courant, lui auront préféré le terme d’Europe, entité géographique incertaine dont les limites bougent au gré des conceptions. Un terme libre qui correspond bien à l’état actuel de l’Union : une porte ouverte. Deux choix s’offrent, aujourd’hui, à nous : fermer cette porte et en subir les conséquences ou la franchir et achever l’édifice européen.

Les crises que les États membres traversent les unissent irrémédiablement. Partir chacun sur sa barque, à l’instar des Britanniques, ne faciliterait pas la traversée de la tempête. Selon le rapport de la fondation Robert Schuman, l’Union a plutôt bien géré la sortie de crise financière. Toutefois, l’austérité qu’elle s’est imposée fait de la zone euro une économie peu attractive. Il s’agit donc de retrouver le dynamisme perdu afin de s’assurer une place de choix dans le concert des nations.

On a souvent regretté d’avoir construit l’Europe par le haut, voilà peut-être l’occasion de rectifier cela : problème migratoire, montée des extrémismes, défiance à l’égard des institutions, morosité économique... Autant de problèmes de fond qui appellent chacun une réponse communautaire, explique la fondation Robert Schuman. Un prérequis cependant : que les classes politiques nationales exploitent leur rage de vaincre à destination de l’Europe et non pas seulement à travers elle. À mesure que les États membres délégueront des parties clés de leur souveraineté, telles que la fiscalité, l’équilibre se créera entre construction communautaire et revendications locales.

Ce rapport sur l’Europe de 2016 liste les erreurs accumulées depuis la création de l’Union. Pas pour le plaisir bien français de critiquer, mais pour rendre plus saillantes les concessions nécessaires. L’Union européenne n’est que la résultante des actions de ses membres. Elle n’est pas le problème face à un monde qui change, mais la solution.

L’Union européenne n’est pas parfaite. Ses membres non plus. Mais nous sommes plus fort ensemble et nous devons tous être ouvriers du chantier européen. Pour cela, il est impératif de regarder le projet européen pour ce qu’il est : non comme un moule, mais comme un puzzle. Les États européens sont profondément différents. C’est en reconnaissant et en prenant acte de leurs différences que les peuples européens s’offriront de les harmoniser de façon cohérente.

« L’Europe est morte, vive l’Union ! », devrait-on scander. La première était celle des états ; la seconde sera, espérons-le, celle des citoyens.


Éditions Lignes de repères, 2016 – 19,90 €

Union européenne
Construction européenne
Crises
Systèmes politiques
Histoire