© Jules78120, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

De la créativité diplomatique

parThomas FRIANG, président-fondateur de l’institut Open Diplomacy

Articles de la revue France Forum

Paris, 2018. En pleine crise du multilatéralisme, le président français, Emmanuel Macron, réunit plus de quatre-vingts chefs d’État et de gouvernement et d’organisations internationales dans une nouvelle forme de conférence internationale. Le Forum de Paris sur la paix est né.

Rambouillet, 1975. Le président Giscard d’Estaing réunit ses homologues occidentaux au cours d’un rendez-vous inédit pour sortir de la crise du pétrole. Le G6 est né.

Paris, 2018. En pleine crise du multilatéralisme, le président français, Emmanuel Macron, réunit plus de quatre-vingts chefs d’État et de gouvernement et d’organisations internationales dans une nouvelle forme de conférence internationale. Le Forum de Paris sur la paix est né.

La gouvernance mondiale a toujours reçu une attention particulière de la France. On peut même parler de « génie français  » en la matière. Il y avait quelque chose de pionnier en 1975 à rassembler les principales économies avancées pour organiser une coopération budgétaire et monétaire permettant de traverser les crises. Cette créativité française s’est, une nouvelle fois, exprimée en 2018 pour réunir autour d’une même table dignitaires internationaux et porteurs de projet afin de renforcer, compléter, étoffer la gouvernance mondiale au service de la paix.

Le hasard veut qu’un mois après la première édition du Forum de Paris sur la paix, la France occupe de nouveau la présidence du G7. Les deux exercices ne se ressemblent pas : le G7 est un espace politique assez ancré, créé pour réunir un club « au coin du feu » tandis que le Forum de Paris sur la paix a pour vocation d’ouvrir au maximum les espaces de la coopération internationale.

En 2019, d’une conférence internationale à l’autre, ce « génie français » s’exprimera de part en part avec une ligne claire : sauver le multilatéralisme. Le sauver de quoi ? D’abord du risque de technocratisation. Les populistes ternissent la réputation des grandes organisations internationales avec un argument qui fait mouche : l’efficacité au service du quotidien n’est pas au rendez-vous. Le G7 sous présidence française comme le Forum de Paris sur la paix ont pour mission de démontrer que la coopération internationale peut changer – améliorer – la vie des citoyens de la planète.

Ensuite du risque de la dissociation. Tout le danger des grandes conférences est celui d’un entre-soi qui ne se préoccupe pas de l’impact qu’il peut avoir sur le cours du monde. Le G7 français s’entoure de groupes d’engagement et de conseils consultatifs qui l’arriment à la société civile… elle-même au cœur du Forum de Paris sur la paix. Ces deux espaces d’organisation du monde pourront créer des normes plus légitimes et plus faciles à mettre en œuvre par un processus de gouvernance transparent, ouvert et inclusif.

Enfin du risque de déconnexion. Laisser les affaires étrangères aux mains des diplomates a toujours impliqué ce risque. Tout le défi est de reconnecter la diplomatie à la politique intérieure. C’est pourquoi le G7 présidé par Emmanuel Macron comme le Forum de Paris sur la paix qu’il a fortement soutenu se saisissent de questions qui ont une très forte résonance nationale, comme celle des inégalités, centrale dans la crise des gilets jaunes.

Refusant de jouer les anciens contre les modernes, la France s’offre une chance de redonner au multilatéralisme le crédit qu’il a perdu.

Diplomatie
Relations internationales
Gouvernance mondiale