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Covid-19 : un catalyseur de la fin du leadership occidental ?

parDavid RIGOULET-ROZE, enseignant et chercheur rattaché à l’Institut français d’analyse stratégique, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques, rédacteur en chef de la revue Orients stratégiques

Articles de la revue France Forum

L’imprévisible était finalement prévisible.

« Le génie politique d’une foule n’est que la confiance dans le commandement. »
Oswald Spengler, Le déclin de l’Occident, 1918

Curieusement les pays occidentaux regardent en spectateurs compatissants la situation de l’asie orientale où, juste après la Chine qui, dès le 25 janvier 2020, décide la mise « en quarantaine » draconienne de l’ensemble de la province de Hubei (soit 56 millions d’habitants), les régions ou pays voisins prennent des mesures strictes pour juguler l’épidémie qui se développe.

UNE « LEÇON DE GOUVERNANCE » À L’OCCIDENT ? Dès la fin du mois de janvier, à Hong Kong, territoire chinois autonome comptant 7,5 millions d’habitants, qui a encore en mémoire l’expérience du premier syndrome respiratoire aigu sévère (Sars-CoV) de 2003, toutes les crèches et écoles sont fermées et les fonctionnaires, appelés à se mettre en télétravail. Il n’y a pas de confinement total, mais la mise en œuvre d’une stratégie de mesures de prophylaxie, de gestes barrières, de port du masque systématique et de dépistage massif avec traçage des cas contacts. Cette stratégie a réussi à circonscrire l’épidémie et à limiter le nombre de cas à un millier, avec « seulement » quatre décès. Un tour de force quand on pense que Hong Kong jouxte la Chine continentale avec laquelle elle entretient de très étroits contacts.

L’île chinoise nationaliste de Taiwan, à peine plus grande que la Belgique et peuplée de quelque 23 millions d’habitants, souvent en contact avec la Chine continentale, a également géré de façon exemplaire la crise sanitaire. Adoptant une stratégie du même type que celle de Hong Kong, Taiwan a obtenu des résultats spectaculaires avec moins d’un demi-millier de cas et sept décès. On pourrait alors presque parler d’un modèle « chinois » de gestion de l’épidémie, sans aller jusqu’à « re-jouer » le débat qui a eu cours dans les an- nées 1990 relatif aux « valeurs asiatiques » ou à l’« asiatisme » idéologiquement véhiculé par la cité-État de Singapour dirigée de manière autoritaire par Lee Kuan Yew pendant près de trente ans (1959-1990)1. Avec quelque trente mille cas et vingt-trois décès, Singapour a maîtrisé l’épidémie.

Le Japon a, lui,...

 


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1. Jean-Louis Margolin, « Le confucianisme et son double : anatomie d’un débat singapourien sur les valeurs asiatiques », in Mots. Des langages du politique, no 66, juillet 2001, pp. 51-70. https://www.persee.fr/doc/mots_0243-6450_2001_num_66_1_2591

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