Retour à Athènes

parInstitut Jean Lecanuet
12 Mars 2018
Actualité

Ainsi qu’il l’avait promis lors de sa campagne électorale, le président de la République, Emmanuel Macron, souhaite apporter très vite d’importants changements au corps législatif.

Si l’ingénierie de la révision constitutionnelle demeure à ce jour incertaine – référendum ou congrès –, le contenu semble, lui, à peu près acté. Les parlementaires seraient moins nombreux, une partie d’entre eux serait désignée à la proportionnelle et non au scrutin majoritaire et, enfin, nul ne pourrait exercer plus de trois mandats consécutifs. 

L’interdiction du cumul dans le temps apparaît comme le point dur de la révision qui est envisagée si l’on en croit les déclarations de plusieurs élus dont le président du Sénat. Selon eux, cette mesure mettrait en cause la liberté de chaque citoyen d’élire qui bon lui ensemble, peu importe son âge ou sa longévité dans la fonction et constituerait une atteinte grave à la démocratie. Un retour rapide à l’histoire constitutionnelle et notamment aux mécanismes de la démocratie athénienne montre pourtant qu’il n’en est rien. Au contraire, conjugué au tirage au sort, le principe de rotation des charges électives a toujours été une garantie démocratique essentielle pour les Grecs et même un fondement majeur de leur culture politique. 

Cette rotation permettait, en effet, à tout citoyen d’avoir une chance raisonnable de pouvoir exercer une magistrature et, surtout, comme l’écrit Aristote, « d’obéir et commander tour à tour ». Dans son ouvrage de référence sur les principes du gouvernement représentatif, le politologue Bernard Manin rappelle d’ailleurs à quel point ce principe de rotation des charges était, pour les Grecs, un mécanisme « producteur de bon gouvernement ». 

A ceux qui, aujourd’hui, revendiquent d’être des élus de terrain, on peut donc répondre que le non-cumul dans le temps, en permettant d’être alternativement citoyen et gouvernant, leur permettra justement de comprendre encore mieux les préoccupations des Français. Une petite cure de citoyenneté n’a jamais fait de mal à personne !

 

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