La prochaine élection présidentielle

parInstitut Jean Lecanuet
30 Juillet 2021
Actualité

Bien malin celui qui prétendra lire le résultat de la prochaine élection présidentielle à la lumière des élections régionales et départementales du mois de juin.

Si on devait auditer la gouvernance de la République française comme on le fait d’une grande société privée, la première chose qui sauterait aux yeux serait le turnover permanent à la tête de l’exécutif. Plus que jamais, le résultat de l’élection présidentielle s’annonce incertain. Si les enseignements de ces élections locales sont à prendre avec des pincettes, c’est d’abord en raison de l’abstention record qui a prévalu. Même s’il est évident que le taux de participation à l’élection présidentielle sera plus élevé qu’aux régionales et aux départementales, personne n’a, aujourd’hui, la certitude qu’une fraction importante de Français ne décidera pas de nouveau de bouder les urnes. On ne peut pas avoir à répétition de mauvais scores de participation à des élections locales, y compris aux municipales pourtant traditionnellement appréciées des citoyens, et imaginer que les élections nationales puissent être épargnées par ces vents démocratiques mauvais. Même si on ne peut nier qu’il existe une forte part conjoncturelle dans l’abstention massive de cette première élection post-confinement, il y a évidemment à l’œuvre un mouvement structurel beaucoup plus profond qui constitue une menace très sérieuse pour notre démocratie. Qui peut soutenir un seul instant qu’il n’y ait pas un lien mécanique – même s’il n’est pas forcément immédiat – entre taux de participation aux élections et maintien de notre modèle démocratique ? Comment lutter durablement contre le terrorisme islamique, affirmer nos valeurs de liberté et de laïcité, défendre le projet européen avec des taux de participation inférieurs à 30 % ? L’autre inconnue de l’élection est plus que jamais l’identité des deux finalistes. Un doute sérieux est né après les derniers scrutins locaux sur l’inéluctabilité d’un second tour Macron-Le Pen. Une majorité de Français ne le souhaitaient pas, mais ils le pronostiquaient. Ne sont-ils pas en train de mettre en correspondance leurs souhaits et leurs actes et ce faisant, d’ouvrir la voie à d’autres scénarios ? Il est trop tôt pour l’affirmer pleinement, mais le clivage droite-gauche semble reprendre de la consistance. Et cela, à la différence de l’abstention, n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour notre démocratie.

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