Pour évoquer ces regards croisés sur l’Europe et la Russie, il ne s’agit pas simplement d’évoquer les dossiers les uns après les autres, mais d’essayer de prendre du recul. En effet, ces regards croisés ne sont pas déterminés par les mêmes facteurs qu’il y a dix ou vingt ans. Il ne s’agit pas simplement de décrire ce que chacun voit en Syrie, en Iran et ailleurs, mais de dire à travers quelles lunettes il les voit et pourquoi il le voit ainsi, afin de pouvoir rapprocher les différentes visions.

La politique étrangère de la Russie a changé. Elle est devenue plus ambitieuse, plus complexe, plus difficile à comprendre. Elle a affirmé sa puissance militaire et elle le fait différemment aujourd’hui d’il y a dix ans. La crise ukrainienne a marqué une rupture dans nos relations avec elle, tant nos interprétations des effets et des causes de cette crise sont contrastées. Nous avons néanmoins réussi à trouver un dénominateur commun, fragile mais bien tangible, avec les accords de Minsk.

La France a dû s’adapter à ce changement de politique étrangère de la Russie sans renier ses liens d’amitié anciens avec elle. Le champ de ce qui nous rassemble reste très important : lutte contre le terrorisme, modernisation et diversification de l’économie, amélioration de la gouvernance mondiale, lutte contre le réchauffement climatique.

Comme observateur, en partie extérieur, et comme historien en particulier, je constate des changements assez profonds dans la politique...