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Pourquoi est-il vital de lutter contre le blanchiment de capitaux ?

parEric VERNIER, maître de conférences à l’université du Littoral Côte d’Opale, directeur de la chaire Échanges et Risques internationaux à l’ISCID, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS)

Articles de la revue France Forum

L’argent sale, paradis des uns et enfer des autres.

Le blanchiment1 de capitaux n’est pas un épiphénomène. Il n’est pas réservé aux régions les plus criminogènes et les plus opaques. C’est un fléau endémique déroulant ses tentacules sur l’ensemble du globe. À l’image de la pieuvre mafieuse, les activités criminelles et délictuelles engendrent partout dans le monde des revenus illicites qu’il faut blanchir, au détriment de l’équilibre du secteur économique légal.

Quelques chiffres démontrent la gravité de la situation. L’« argent sale » représente plus de 10 % du PIB mondial, soit près de 10 000 milliards de dollars chaque année. Sur cette somme, la moitié au moins est blanchie. Cela signifie que 5 000 milliards de dollars sont réintégrés dans nos économies nationales, passant par les grandes banques internationales pour finalement atterrir dans nos entreprises industrielles et commerciales.
 

L’ORIGINE DES CAPITAUX. Les capitaux illicites proviennent de deux sources principales. La première est criminelle : elle concerne les organisations criminelles transnationales. La seconde est délictuelle : elle peut s’apparenter à la criminalité en col blanc.

Les capitaux mafieux proviennent d’activités telles que le trafic de stupéfiants ou d’êtres humains, la cybercriminalité ou encore le vol et l’assassinat. La première d’entre elles, le trafic de drogue, génère un chiffre d’affaires annuel d’environ 500 milliards de dollars. De cette somme, les barons de la drogue tirent...

 


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1. Eric Vernier est l'auteur de Techniques de blanchiment et moyens de lutte, Dunod, 2017 ; et de Fraude fiscale et paradis fiscaux, Dunod, 2014.

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