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Ouverture du colloque

parYves POZZO DI BORGO, président de l'institut Jean Lecanuet, ancien sénateur de Paris

Articles de la revue France Forum

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Je suis très heureux de vous recevoir, ici, au Sénat1 pour ce colloque consacré à la question de l’Arctique, organisé par l’institut Jean Lecanuet. Le groupe d’études du Sénat Arctique, Antarctique et Terres australes ainsi que nos amis de la revue France Forum sont nos partenaires pour cette manifestation.

Permettez-moi, en premier lieu, de remercier les nombreux intervenants qui ont accepté d’être des nôtres aujourd’hui.

Le président d’Islande, Ólafur Ragnar Grímsson, n’a malheureusement pu se joindre à nous. Il nous a transmis un chaleureux message2.

Je suis heureux que Michel Rocard, ambassadeur de France pour les pôles, ait accepté de clôturer nos travaux. Je l’en remercie très chaleureusement. Michel Rocard a marqué l’histoire politique française et continue, sous une autre forme désormais, de servir les causes qui lui sont chères : la recherche, une économie soucieuse de l’environnement, le respect des peuples et des personnes et la grandeur de son pays. Je remercie Jean-Louis Étienne d’avoir accepté d’ouvrir ce débat. En dehors de ses multiples talents scientifiques, il est l’homme qui réveille en chacun de nous l’enfant que nous étions. Nos rêves d’aventure et d’exploration se sont évanouis depuis longtemps, mais, grâce à lui, et par procuration, nous continuons de conserver dans nos coeurs et dans nos têtes cette part d’émerveillement. émerveiller, mais aussi aimer veiller, notamment aux terribles conséquences du changement climatique sur les pôles.

Je remercie Nicolae Schiau de la RTS, télévision suisse, d’assurer la modération. Compte tenu de la qualité de nos invités, il était important d’avoir un spécialiste des questions arctiques pour animer nos débats.

Je remercie aussi Mikå Mered de nous avoir sensibilisés à cette question. Il est à l’origine de ce colloque.

L’Arctique est un grand sujet de géopolitique ; c’est aussi un grand sujet écologique et environnemental. Dans cet immense espace, on retrouve le jeu et le choc des puissances, le sujet philosophique éternel de la technique et de l’homme, mais aussi la préservation d’un écosystème unique.

Le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a, une nouvelle fois, alerté sur les effets graves et irréversibles du réchauffement climatique3. Les deux pôles sont, bien entendu, particulièrement visés par le GIEC. La banquise fond, les habitants fuient, la biodiversité souffre et, parfois, disparaît. La menace est donc réelle.

Les enjeux abondent : ouvrir une nouvelle voie maritime, créer des escales aériennes, exploiter de nouveaux gisements d’hydrocarbure ou de gaz.

Faut-il redouter ces évolutions ou, au contraire, se satisfaire de ces nouvelles perspectives qui s’offrent à nous ? L’Arctique est un prodigieux champ d’innovations technologiques et, de la même façon que la voiture de demain s’invente sur un circuit de F1, l’agriculture de demain, la ville intelligente de demain s’inventent au coeur du cercle polaire.

Enjeu écologique, enjeu économique et, de facto, enjeu politique. À qui appartient l’Arctique ? Aux pays qui, juridiquement, possèdent une part de cet espace ou à l’humanité tout entière ? Nos pays, plus éloignés du cercle polaire, ontils leur mot à dire ? Y aurait-il une sorte de droit d’ingérence écologique sur l’Arctique au même titre que nous estimons en avoir un pour les droits de l’homme en Syrie ou la défense du patrimoine culturel à Tombouctou ? Aujourd’hui, au sein des instances compétentes, nous avons le droit d’écouter. Pourrons-nous, un jour, avoir le droit de parler et, pourquoi pas, d’agir ? Le président d’Islande nous y invite dans la lettre qu’il nous adresse.

« La maison brûle et nous regardons ailleurs », disait Jacques Chirac dans un très célèbre discours. La maison brûle toujours, mais je crois que nous sommes de moins en moins nombreux à détourner le regard et de plus en plus nombreux à chercher des solutions pour une croissance durable de notre planète.

Tel est bien l’objectif de nos travaux d’aujourd’hui que Jean- Louis Étienne nous fait, à présent, l’amitié d’ouvrir.


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1. Colloque qui s’est déroulé le jeudi 3 avril 2014, au Sénat, salle Monnerville. (NDLR)
2. Voir page 4. (NDLR)
3. Rapport présenté le 31 mars 2014, « Changements climatiques 2014 : impacts, adaptation et vulnérabilité », vol. 2 du 5e rapport d’évaluation du GIEC. (NDLR)

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