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Le vote à l’étranger et le vote des étrangers : une avancée démocratique à encadrer

parFilip KOSTELKA, chercheur postdoctoral à la Chaire de recherche en études électorales de l’université de Montréal (Canada), chercheur associé au Centre d’études européennes de Sciences-Po, coordinateur du projet Making Electoral Democracy Work

Articles de la revue France Forum

Quelle démocratie pour les citoyens du monde ?

Le progrès technique, la globalisation des échanges et les processus d’intégration régionale contribuent à l’accroissement de la mobilité transnationale des individus. De plus en plus de personnes résident en dehors de leur pays d’origine. En 2016, selon l’ONU, leur proportion a atteint 3,3 % de la population mondiale et plus de 10 % de la population en Europe, en Amérique du Nord et en Océanie. Les flux migratoires ne sont pas seulement plus forts, mais également plus temporaires et moins définitifs. L’une des conséquences est le nombre croissant d’individus qui, tout en vivant dans des pays démocratiques, perdent de fait leur droit de participer à la vie de la cité. Il n’est pas rare que les migrants ne puissent voter ni dans leur pays d’accueil ni dans leur pays d’origine. Deux solutions sont envisageables. D’abord, que les migrants puissent voter aux élections de leur pays d’origine depuis leur pays d’accueil. Un tel dispositif s’est répandu, notamment à partir des années 1990, à travers le globe et il est désormais proposé aux émigrés dans plus d’une centaine de pays1. L’autre solution consiste à accorder le droit de vote aux migrants dans leur pays d’accueil. Si l’idée de donner le droit de vote aux étrangers peut paraître controversée, plus de soixante pays permettent à des étrangers de participer aux élections au début du XXIe siècle2.


​DÉSTABILISER LES ÉQUILIBRES POLITIQUES. Le vote à l’étranger et le vote des étrangers représentent-ils des mesures souhaitables d’approfondissement démocratique ? Apporter une réponse claire et univoque à cette question n’est pas aisé. Les mesures concernées peuvent répondre aux défis que la mobilité transnationale pose à la démocratie autant qu’elles peuvent éroder certains des principes démocratiques fondamentaux.

Concernant le vote depuis l’étranger,...

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1. Voir de l’auteur« Distant Souls: Post-Communist Emigration and Voter Turnout », Journal of Ethnic and Migration Studies, volume 43, issue 7, pp. 1071-1072.
2. Hervé Andres, « Le droit de vote des étrangers : une utopie déjà réalisée sur les cinq continents », Migration Société, volume 19, issue 114, 2007, pp. 65-81.

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