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Le numérique, une vraie innovation inversée

parJean-Michel HUET, associé au sein du cabinet Bearing Point

Articles de la revue France Forum

Les grandes enjambées numériques du continent africain1.

« L'Afrique a raté la seconde révolution industrielle, elle n’a pas le droit de rater la troisième. » Cette déclaration de Alassane Ouattara2, en 2014, résume l’enjeu pour les États, les entreprises et les citoyens africains.

La révolution dont il est fait état, ici, est bien sûr celle du numérique : la capacité de produire, stocker et échanger, à moindre coût, tout type d’information. Pour définir le numérique, quatre notions clés suffisent : l’accès à des données numérisées via des réseaux interopérables (notamment la téléphonie mobile), la production et l’utilisation de données, y compris très simples (des SMS ou de l’USSD), avec la capacité d’en tirer des analyses poussées grâce à des algorithmes, la capacité de gérer un écosystème d’acteurs via des platesformes (surtout dans le cadre de partenariats public-privé forts), la dimension sociale, notamment via les réseaux sociaux qui ont montré leur importance lors du printemps arabe, en 2011.

Partis en retard, les Africains sont en train de franchir les étapes à grande vitesse. Si la technologie vient des pays du Nord, les usages les plus avancés viennent d’Afrique. Cas unique dans l’histoire, l’innovation frugale pousse plus loin le champ des possibles et devient une innovation inversée dont certains usages pourraient bientôt toucher des pays du Nord.


LES 5 « SAUTS » DU NUMÉRIQUE. Le développement du numérique en Afrique comprend cinq étapes majeures, souvent appelées « sauts ». Les deux premiers sont des cas avérés d’innovations inversées, les trois suivants sont en devenir.

Le premier saut a été celui de base : le développement des télécoms. Jusqu’aux années 1990, l’Afrique était déconnectée du monde avec un taux de pénétration des accès...

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