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Économie russe : quels ressorts pour rebondir ?

Articles de la revue France Forum

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Il convient de souligner la qualité traditionnelle de la relation économique franco-russe, tant en termes d’échanges que d’investissements croisés. En 2014, la Russie était le troisième marché de la France après l’Union européenne et la Suisse, et la France était le premier investisseur en Russie en flux, hors zones à fiscalité attractive. Les investissements russes ont, en outre, connu une très forte progression entre 2011 et 2014.

La qualité de cette relation est néanmoins à replacer dans un contexte économique et politique plus compliqué. La situation économique russe a été principalement affectée par la baisse du prix des matières premières, qui a un effet mécanique sur la contraction des échanges. Il en résulte des sorties de capitaux, de l’inflation et des finances publiques détériorées. Les sanctions constituent aussi un frein objectif à la relation économique francorusse. La vision de Bercy et de la direction générale du Trésor est que ces facteurs doivent avoir un effet maîtrisé sur notre relation bilatérale, c’est-à-dire ne pas générer de surréaction. 

Au-delà des difficultés actuelles, l’économie russe dispose de ressorts pour rebondir : la politique budgétaire a initialement permis de tempérer l’effet de la conjoncture sur les populations et la consommation. La dette publique reste très faible et les réserves de change, extrêmement robustes. La Banque mondiale offre des prévisions de croissance dépendantes du prix des matières premières, mais qui ne justifient pas d’alarmisme de notre côté. 

Il convient aussi de s’assurer que les sanctions soient strictement appliquées, sans surréaction ni surinterprétation. Pour ce faire, nous devons en expliquer et en clarifier le champ exact. Il faut également éviter que les acteurs économiques ne considèrent les sanctions comme un fait immuable. Des jalons ont été posés pour le retour à la normale, afin de permettre à chacun de préparer l’avenir ensemble et surtout de pouvoir reprendre sans délai une relation économique pacifiée et normalisée. 

Le maintien du dialogue à tous les niveaux et la poursuite des dialogues techniques sont extrêmement importants. La relation économique franco-russe est incarnée par des visites ministérielles au plus haut niveau, mais ne s’y résume pas. Les initiatives pour faire avancer les projets, là où cela est possible, paraissent primordiales. Tel est le cas, par exemple, de la French Tech Moscow. La poursuite des échanges entre communautés d’affaires est également fondamentale. 

Nous traversons une période où nos échanges économiques connaissent un inévitable ralentissement. Il importe que cette période ne se traduise pas par une dégradation durable ni par une défiance entre les partenaires.

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