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De la chanson française !

parNicolas VIEL, musicologue

Articles de la revue France Forum

Pascal Parisot – pas Laurence, non, Pascal – fait des chansons pour les petits et pour les grands. 

Un peu comme l’immense Anne Sylvestre qui a sorti, il y a quelques mois, un coffret généreux et formidable récapitulant ses soixante années de carrière. Pascal Parisot, lui, n’a pas encore ce lourd bagage à porter. Tant mieux car la légèreté est sa marque de fabrique.

Ce Vosgien est d’abord guitariste. Il s’accompagne pour chanter les classiques de la chanson française. Il fait ses premiers essais dans les bars et les clubs de l’est de la France, et aussi d’Allemagne toute proche, avant de monter à Paris. Là, il envoie des maquettes et se fait repérer par Sony. C’est à cette époque, en 2000, qu’il enregistre l’incontournable « Ça alors » avec sa compagne Frédérique Dastrevigne, celle-là même qui lui susurre à l’oreille « Pascal, je suis ta conscience ! »

Ensuite, ce seront « Wonderful », « Les gens sont méchants », la délicieuse « Diplômé de toi », la programmatique « Je reste au lit ». Il répond « Dac ! » à un projet de disque pour enfants et le voilà devenu chanteur à mouflets. Au printemps 2018, il participe au festival Chorus des Hauts-de-Seine pour un spectacle tout public à La Seine Musicale.

Disons-le pour de bon : une bonne chanson, c’est d’abord un texte resserré, dense, efficace. Un texte qui nous emmène en trois mots. Gainsbourg a longtemps su le faire mieux que personne, sans bavardages ni coquetterie. Brassens, incomparable. Souchon, Voulzy, exemplaires.

Aujourd’hui, fini les chanteurs à texte, voici les chanteurs à fautes de français. La mode est à la logorrhée approximative et impuissante. La langue est bazardée contre un plat de poncifs réchauffés et finit par ressembler à la traduction d’un texte anglais par un ordinateur des années 1970. Souvent hystérisée par une diction agressive sous l’influence du rap, elle y perd même sa fonction signifiante.

Rien de tout ça chez Pascal. Ses textes sont précis, avec des mots qui nous sont proches. Ils cernent nos sentiments les moins avouables avec une dérision respectueuse car, pour parler de nous, la plupart du temps, il parle de lui. Le narrateur est un anti-héros moderne : qu’il soit un paresseux assumé (« Je reste au lit »), un arriviste impitoyable et infantile (« Tralala pas toi »), un amoureux insatisfait (« Wonderful ») ou le fils malheureux de parents bo-bo (« Mes parents sont bio »), sa naïveté reflète nos ridicules avec une fidélité confondante.

Les musiques sont imprégnées de cette ironie par la pratique distanciée du style. Excellent guitariste, multi-instrumentiste même, Parisot nous balade d’un répertoire à un autre. Chez lui, ça respire autre chose que du « gros son » nord-américain, pardon... de la variété internationale. Rumba, tango, cha-cha, bossa (et on en passe) sont revisités de façon faussement minimaliste. La modestie du style passe par l’emploi de percussions courtes, de notes piquées, d’instruments datés ou connotés comme le ukulélé, la flûte à coulisse ou le petit synthé bon marché. Les harmonies et les mots nous promènent dans un décor un peu jauni, nostalgique sans doute, d’une simplicité perdue. 

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